La Côte d’Ivoire pionnière en intelligence artificielle (IA) pour le système éducatif
Comment préparer les systèmes éducatifs à l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) et du numérique, en dotant enseignants et élèves des compétences nécessaires pour évoluer dans un monde en profonde mutation ?
C’est à cette question que décideurs, experts et praticiens de l’éducation vont réfléchir ensemble durant trois jours, lors de l’atelier régional consacré au développement de référentiels de compétences en intelligence artificielle (IA) et de traduction des ressources numériques en langues nationale et locale. Organisé par le Centre GPE-KIX Afrique 21 (un consortium piloté par l’IFEF-OIF, avec l’AUF et la CONFEMEN), en partenariat avec l’UNESCO et le Ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation de Côte d’Ivoire, cette activité pionnière se déroule du 15 au 17 septembre 2025 dans la capitale politique de Côte d’Ivoire Yamoussoukro. Aperçu…
L’éducation face au tournant de l’intelligence artificielle
L’IA suscite enthousiasme et inquiétude partout dans le monde, et son impact sur l’éducation est au cœur des débats. D’un côté, elle promet un apprentissage plus personnalisé, une meilleure planification éducative et un soutien concret aux enseignants ; de l’autre, elle pose des questions cruciales de gouvernance, d’éthique et d’équité.
Dr Maïmouna Sissoko-Touré, Coordinatrice du Centre GPE-KIX Afrique 21, a souligné l’importance de relever rapidement ces nouveaux défis :

« Nous vivons sans doute une époque de transformation rapide. L’intelligence artificielle, avec toutes ses promesses et ses défis, s’impose aujourd’hui comme une réalité incontournable dans le monde du travail, de la santé, de la communication… et bien sûr, dans le domaine de l’éducation.
Face à cela, L’école ne peut pas rester à l’écart. Les enseignants ont besoin d’être formés, outillés, accompagnés, pour comprendre, utiliser et enseigner l’IA de manière critique, éthique et pédagogique. Mais pour bien former, il faut d’abord définir ce que l’on veut enseigner et apprendre. C’est là qu’intervient l’importance cruciale d’un référentiel de compétences en IA pour les enseignants.
Un référentiel de compétences n’est pas seulement un document technique. C’est une boussole stratégique. Il permet de :
- Clarifier les attentes : que doit savoir un enseignant sur l’IA ? Que doit-il savoir faire ?
- Guider la formation continue et initiale : comment organiser des formations pertinentes, progressives et contextualisées ?
- Harmoniser les pratiques à l’échelle nationale, tout en respectant les spécificités locales.
- Et surtout : mettre l’humain au cœur de la transition numérique, en outillant les enseignants pour qu’ils soient acteurs et non simples spectateurs de ces transformations. »
En Afrique francophone et lusophone, les enjeux face à la croissance de l’IA sont bien présents, et la Côte d’Ivoire fait figure de pionnière pour les surmonter. Pour cela, l’atelier deYamoussoukro se veut avant tout un espace de travail collectif, où les équipes techniques nationales, les chercheurs et les praticiens mettent en commun leurs expériences et leurs visions. Le programme alterne présentations, études de cas et ateliers participatifs. La première journée est consacrée au cadrage et à la mise en perspective des cadres existants, notamment le référentiel TIC ivoirien de 2022 et les référentiels en IA développés par l’UNESCO. La deuxième journée privilégie la co-construction, avec des travaux sur les compétences attendues chez les enseignants et les apprenants, ainsi que l’adaptation des ressources numériques en langues nationales. La troisième journée permettra de consolider un projet de référentiel et d’élaborer une feuille de route pour sa mise en œuvre et sa diffusion dans les pays pilotes.
Des perspectives pour toute la région

Quatre pays pilotes, le Bénin, le Burundi, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, participent à cette initiative accompagnant la transition numérique et l’intégration de l’IA dans les systèmes éducatifs. L’objectif est de doter les ministères de l’éducation de chacun des pays de référentiels adaptés, définissant les compétences essentielles pour les enseignants et les élèves face aux usages pédagogiques et sociétaux de l’IA.
La traduction et l’adaptation des ressources étant également essentielles pour garantir que chaque enseignant, quel que soit son contexte linguistique ou culturel, puisse bénéficier des outils développés, la Global Digital Library (GDL) participe aux efforts de traduction de ressources numériques en langues nationales et locales, déployés dans le cadre du projet Translate a Story, une initiative menée conjointement par l’UNESCO, Norad et Sopra Steria.
Dr Shafika Isaacs, Cheffe de la section pour la technologie et l’IA dans l’éducation de l’UNESCO, a ainsi rappelé lors de la cérémonie d’ouverture :
« Nous avons de nombreuses initiatives passionnantes en Afrique sur les langues locales, qui soutiennent les parents en Côte d’Ivoire. L’IA peut être un outil puissant pour accélérer les progrès vers l’ODD 4. Elle peut offrir un apprentissage personnalisé dans des salles de classe surpeuplées, fournir un soutien dans les langues locales et aider les enseignants dans l’évaluation et l’administration ».
Cet atelier marque ainsi une étape importante vers la définition de politiques éducatives capables de conjuguer innovation technologique, souveraineté numérique et responsabilité sociale. Il s’inscrit dans une dynamique plus large de coopération internationale visant à renforcer l’équité, la qualité et l’efficacité des systèmes éducatifs. En intégrant l’IA, les pays francophones et lusophones du KIX Afrique 21 ambitionnent de répondre aux défis d’infrastructures, de formation et de gouvernance, tout en saisissant les opportunités offertes par les technologies émergentes pour améliorer les apprentissages et soutenir les enseignants. L’objectif est clair : faire de l’IA un levier pour l’inclusion et l’équité, et non une nouvelle fracture éducative.
Le Centre KIX Afrique 21, soutenu par le Partenariat mondial pour l’échange de connaissances et d’innovations en éducation (GPE KIX), une initiative conjointe avec le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), Canada. Il est piloté par trois organisations réunies en consortium : l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), la Conférence des ministres de l’Éducation des États et gouvernements de la Francophonie (CONFEMEN) et l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation (IFEF-OIF) en qualité de chef de file.




