Afrique, IA

Pour une IA au service d’une éducation plus inclusive : réflexions issues de la Semaine de l’apprentissage numérique 2025

Lors de la Semaine de l’apprentissage numérique (Digital Learning Week – DLW), organisée du 2 au 5 septembre 2025 par l’UNESCO, à Paris, des experts, décideurs et praticiens de l’éducation du monde entier ont échangé sur les opportunités et les défis de l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans les systèmes éducatifs. Le KIX Afrique 21 était au rendez-vous. 

Recherche, données et collaboration : des leviers incontournables

Les discussions ont mis en lumière des constats convergents : la nécessité de renforcer la recherche, de garantir des cadres éthiques solides et de contextualiser les solutions pour répondre aux besoins des élèves les plus vulnérables.

Les différentes présentations ont souligné l’importance de la recherche et de l’analyse de données comme fondement des politiques éducatives. L’IA offre de nouvelles possibilités, qu’il s’agisse de l’apprentissage personnalisé, du soutien aux enseignants ou de la planification éducative basée sur l’analyse des données. Mais ces innovations ne peuvent être crédibles et durables que si elles s’appuient à des données probantes et sur une collaboration renforcée entre gouvernements, bailleurs, chercheurs et communautés éducatives. 

Dr Maïmouna Sissoko-Touré est revenue sur les activités menées par le Centre KIX Afrique 21 à cet effet, telles que : 

Deux projets de recherches (2022), avec l’AUF
– « Success-stories dans l’éducation à l’ère de la COVID-19 en Afrique subsaharienne et appropriation des pratiques porteuses d’effets : pour une étude expérientielle du numérique au Cameroun, Burkina Faso et Sénégal » ;
– « Les représentations des acteurs de l’éducation sur la place du numérique en contexte de pandémie de COVID-19 au Burundi et en RDC » 

Une étude (2023), avec la CONFEMEN : 
« Les pratiques d’enseignement à distance en réponse à la crise COVID-19 » 

Le Séminaire sous-régional de Dakar (2024), co-organisé avec l’UNESCO dans le cadre de l’initiative « Compétences numériques pour les enseignants et les élèves des États membres du Groupe des 77+Chine » : « Table ronde ministérielle sur les compétences numériques et en IA »

La table ronde (2023), co-organisée avec l’UNESCO pour le lancement de la version française du guide « IA et éducation : Guide pour les décideurs politiques »

S’il est admis que l’IA peut être une force de transformation positive, la vigilance reste de mise : son développement doit être accompagné par des politiques publiques éclairées, des standards clairs et une participation inclusive de toutes les parties prenantes. 

Objectifs et mise en œuvre pour un encadrement et l’éthique de l’IA

L’appropriation locale et la contextualisation restent des conditions essentielles pour que l’IA contribue réellement à l’équité et à l’inclusion éducatives.

Concernant les pays d’Afrique francophone et lusophone du KIX Afrique 21, les objectifs suivants ont été déterminés : 

  • Mettre en place des équipes techniques nationales pour le développement de référentiels de compétences en IA ;
  • Former les membres des équipes techniques nationales sur l’intégration et l’utilisation de l’IA dans les systèmes éducatifs ;
  • Faire l’état des lieux de l’intégration et de l’utilisation de l’IA dans les systèmes éducatifs des pays pilotes identifiés ;
  • Développer un référentiel de compétences en IA ; 
  • Mettre en œuvre les plans de formation ;
  • Traduire des ressources numériques en langues nationales. 

La mise en œuvre permettant d’atteindre ces objectifs suit un déroulement en trois phases, qui débute dès ce mois septembre 2025. Dans un premier temps, des pays pilotes ont été identifié pour procéder à la revue des référentiels des compétences en IA, à savoir le Bénin, le Burundi, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Suite à ce processus, le passage à l’échelle sera initié, avec une restitution et un partage d’expérience aux autres pays partenaires, une campagne de plaidoyer au sein de ces pays pour promouvoir la nécessité de cadres institutionnels régulant l’usage éthique de l’IA éducatif, ainsi que la définition d’une feuille de route pour la réplication généralisée de l’expérience pilote. Enfin, dans un troisième temps, le suivi et l’amélioration du projet sera assuré par des évaluations régulières de la situation, accompagnées de la définition et l’application des mesures d’ajustement requises. 

 Perspectives régionales et internationales 

Les initiatives locales présentées lors de la session « Perspectives régionales sur l’IA en éducation : inclusion, politiques et innovations locales » ont démontré le potentiel de l’IA et du numérique pour répondre aux défis éducatifs à travers le monde : en Asie du Sud-Est, certains pays développent des solutions adaptées pour l’apprentissage des élèves à besoins particuliers ; en Afrique francophone, des projets innovants menés par le secteur privé, comme au Burkina Faso, permettent aux enfants déplacés d’accéder à l’éducation à distance malgré des contextes de crise ; en Europe, des standards commencent à émerger pour encadrer le développement et l’utilisation d’outils d’IA éducative.

Les experts ont rappelé que le problème n’est pas l’outil en lui-même, mais la manière dont il est conçu et encadré. La nécessité d’impliquer les enseignants, les parents, les communautés et les gouvernements dans la gouvernance des systèmes d’IA a été fortement mise en avant. Mme Eunice Smith, Chef du bureau et représentante de l’UNESCO en Namibie, modératrice et analyste de la session, a souligné aux termes de ces partages d’expérience : 

« L’IA est tellement puissante qu’elle peut s’adapter à différents besoins. Le problème n’est pas l’outil, le problème n’est pas l’IA. Le problème, c’est de l’encadrer correctement. Si nous ne donnons pas aux entreprises un objectif éthique, elles ne s’en occuperont pas. Et c’est notre responsabilité de poser des questions, de trouver des réponses : nous devons insister sur les standards que nous voulons, et ce que nous voulons faire avec cette technologie ».

Afin de répondre à cette problématique, Dr Maïmouna Sissoko-Touré a rappelé les perspectives pour l’intégration de l’IA dans les systèmes éducatifs portée par le Centre KIX Afrique 21 : 

  • L’intégration de l’IA dans les politiques nationales avec une vision humaine et inclusive
  • Le développement des compétences IA pour les élèves et enseignants
  • La poursuite de la coopération Sud-Sud et le partage de bonnes pratiques
  • L’implication des communautés éducatives, chercheurs, ministères, partenaires dans une approche collective
  • Le soutien aux recherches et innovations pédagogiques émergentes en matière d’IA 

A l’issue de quatre jours d’échanges denses et passionnants, la nécessité de travailler pour une intégration juste, éthique et inclusive dans les systèmes éducatifs se révèle plus cruciale que jamais. 

Retrouvez les vidéos des sessions plénières ici !

Le Centre KIX Afrique 21 est soutenu par le Partenariat mondial pour l’échange de connaissances et d’innovations en éducation (GPE KIX), une initiative conjointe avec le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), Canada. Il est piloté par trois organisations réunies en consortium : l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), la Conférence des ministres de l’Éducation des États et gouvernements de la Francophonie (CONFEMEN) et l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation (IFEF-OIF) en qualité de chef de file.